Pourquoi mon enfant intelligent rate soudainement à l’école ?

C’est un parcours classique d’enfant hp qui se retrouve soudainement en échec scolaire: c’était un enfant éveillé, curieux et attentif. Il a appris à lire très tôt, avant l’école. Les premières années se passent facilement. Les maternelles et les primaires ne posent pas de soucis ( du moins, pas en ce qui concerne l’apprentissage). Les cours lui semblent faciles et les contrôles ou autres examens, une formalité.

Début des secondaires, parfois chaotique

En arrivant en secondaires, l’enfant HP peut être un peu déboussolé. Plus de matières différentes, des enseignants différent…

Les premières difficultés peuvent arriver. Des soucis d’organisation, de prise de notes incomplètes voire inexistantes, mal classées ou égarées, ce qui ne lui paraît pas si grave puisque parfois, elles sont carrément illisibles vu sa piètre écriture (chez les garçons, surtout). Les premiers ratés à certains contrôles peuvent survenir.

Comme il adore son professeur, il aime son cours et peut même développer une passion pour l’histoire. Avec son professeur de latin, par exemple, le courant ne passe par contre pas du tout. Du coup, il lui est impossible d’étudier les déclinaisons. Cela peut même aller jusqu’à développer une véritable allergie à certaines matières

Les premières croyances émergent

Porteuses ou limitantes, les croyances se façonnent : «  je suis nul en math » , « je hais le latin », «  l’histoire, ça ne sert à rien de toute façon » , « les sciences, c’est pour les intellos », « le prof de français est génial, celui d’anglais est nul »…

L’effet des croyances sur nous-mêmes est immense. Et comme nous le montre l’effet pygmalion ( ou effet Rosenthal ) celui des croyances de notre entourage l’est tout autant. Et cela arrive plus vite que l’on croit : « ma fille n’aime pas les maths », «  mon fils n’est pas doué pour les sciences », «  il est désorganisé, voire bordélique », «  elle ne travaille que si elle veut bien »…

Toutefois, la particularité du système belge fait qu’on ne redouble pas en fin de première secondaire. La deuxième se clôture par le CE1D. S’agissant d’un examen confectionné centralement, il est souvent d’un niveau en-deçà de celui de l’école. L’enfant HP arrive donc en troisième année.

La troisième, les vrais soucis commencent

Avec la troisième année secondaire, les choses changent. Le cycle change, la quantité de matière et de travail augmente. A tel point que, pour réussir il faut de l’étude et de l’organisation. Les échecs créent de l’incompréhension. L’adolescent HP, en pleine construction de sa personnalité, prend logiquement quelque raccourcis «puisque je n’y arrive pas, en fait, je suis nul »

Les parents ne sont pas ne reste «  si il rate, c’est parce que mon fils ne travaille pas assez », «  le problème c’est les jeux, si elle jouait moins à Fortnite, ça irait » , «  ma fille passe son temps avec ses copines, c’est leur faute », par exemple…

La fête à la maison

l’ambiance se détériore à la maison. Disputes, incompréhensions, la communication se rompt entre l’adolescent et sa famille. Ne l’intéresse plus que ce qui permet une autre construction de l’identité : amis, copines, musiques, jeux… la réussite scolaire est un peu mise de côté dans sa tête. Les journées de classes sont orientées sur les copains, on parle en classe sans écouter les profs. Les cours ne sont pas en ordre, les notes toujours lacunaires et si le support théorique n’est pas fourni par l’école, l’adolescent n’a même plus accès à ce qu’il doit étudier la veille du contrôle.

Arrivent les examens de fin d’année, qui portent sur des cours qu’il n’a pas toujours écouté, dont il ne perçoit même pas le sens. Échecs, redoublement et parfois même décrochage. Si toutefois il parvient à gérer les secondaires, c’est en arrivant dans les études supérieures que les mêmes problèmes arrivent.

Comment l’enfant hp entre-t-il en échec scolaire?

Bon, cet exemple de parcours est un des pires au niveau scolaire et tous, heureusement, n’en arrivent pas là. Mais que s’est-il passé?

Dans notre exemple, l’enfant HP a une bonne compréhension générale et une mémoire de travail importante. Ce qui signifie que jamais durant les primaires, il n’a réellement dû étudier. Mais il croit que oui: pour lui étudier c’est relire une feuille une fois. Et il est légitimement persuadé que c’est comme cela pour tout le monde. Quand il arrive en secondaire, sa mémoire et sa compréhension continuent le plus souvent à palier ce manque d’étude. Rester plus longtemps devant ses cours devrait suffire, se dit-il logiquement. Voilà pourquoi les notes baissent et les premiers couacs surviennent.

Toujours dans notre exemple, en troisième, il n’y a plus le choix. Il faut étudier et s’organiser. Mais voilà, alors que tous les autres savent comment s’y prendre, l’adolescent hp, lui, est en fait inexpérimenté. Il ne sait pas comment faire puisque, en réalité, il n’a jamais vraiment appris à apprendre.

De plus, lorsque les autres ont acquis cette compétence, pendant les primaires, c’était avec des quantités matières étaient plus réduites, avec des parents et instituteurs à l’écoute. Mais en secondaire, quand un enfant se met à rater, admettons que rares sont les parents qui ne se disent pas simplement que le manque de travail, d’assiduité ou de motivation explique tout. « Il est intelligent, si il s’y mettait, il réussirait »…

Alors, que faire en cas d’échec scolaire?

Si le cas expliqué plus haut vous parle un tant soit peu, que faire alors, pour éviter le décrochage?

Selon moi, et c’est l’orientation que je prends quand je reçois des enfants en difficultés scolaires, il faut garder à l’esprit ceci: le propre du surdoué, c’est que ce qui est difficile pour les autres est facile pour lui et inversement. Le corollaire de ce principe est qu’il ne faut pas supposer les compétences que l’adolescent hp a acquises ou non. Pensez-y: 5 ans, il savait lire et compter mais absolument pas nouer ses lacets de chaussures. De la même manière, peut-être qu’à 14 ans, votre fille ne sait tout simplement pas vraiment comment étudier, ne sait pas distinguer l’idée principale d’un texte… Ce que je propose donc en coaching est de dresser un bilan de compétence, d’analyser avec lui ou elle ce qui lui manque encore comme compétence de base. Lui apprendre à apprendre, parfois lui faire trouver un sens à sa scolarité et l’assister jusqu’à un premier succès.

Je parle d’assister, je pense aussi aux proches, aux parents. En refaisant l’historique de son cursus scolaire, ramener de la compréhension dans la famille, remplacer les désaccords par du soutien dans l’apprentissage.
Il est également important de rassurer son enfant, de lui apporter de la reconnaissance, de lui montrer qu’on est fier de lui. Pas en fonction de ses résultats ( je vous renvoie à la notion de marque d’attention inconditionnelle), mais pour qui il est. Déjà amorcer le changement est une excellente raison d’être très fier de lui, la démarche n’est pas si facile à entamer.

Conclusion

Le but d’un tel coaching est de faire découvrir sa façon d’aborder le travail scolaire, et de remplacer les croyances limitantes par de nouvelles du type «  j’ai le potentiel pour y arriver » ce qui est aussi le propre de toute personne, HP ou pas. J’ai la conviction que cela fait la différence.

Pour conclure, rappelons que l’échec scolaire n’est pas l’apanage des enfants hp et que tout enfant hp n’est pas condamné à l’échec scolaire. Il ne s’agit ici que d’une explication possible parmi d’autres et il y a autant de réalités que d’êtres humains. Cet article s’inspire notamment de ce que Cécile Bost a appelé la boîte à outils vide dans son livre « être un adulte surdoué », livre que je conseille vivement.

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